samedi 6 janvier 1979

Présentation


[ce texte date de janvier 2009] 

Il y a 30 ans, parution du numéro 0 d'Harmonies.
Pourquoi Harmonies ? On voulait le titre d'une chanson de Véronique, plutôt court et sonnant bien (Ma révérence, qui venait de sortir, ne collait pas vraiment…). J'aurais bien aimé Mariavah qui avait un côté un peu onirique et surtout le pouvoir de faire penser instantanément à Véronique, mais c'est Harmonies qui fut retenu. Un joli mot, fédérateur, et une bonne chanson.
De mémoire, sur un coin de table dans un bistrot du côté de Montreuil (où se trouvait l'imprimeur), on a dessiné le “logo” de la une, qui n'apparaîtra d'ailleurs jamais plus.
On, c'est Carole Lévy, Marie-José Golin et moi.

Petit retour en arrière.
Un mercredi après-midi de 1977, je prends mon courage à deux mains et j'appelle chez Colette et René Sanson. “Fan” de Véronique, je connais le prénom de son père, sa profession et je sais dans quel quartier de Paris ses parents habitent. Et à la maison, on a un bottin... 

Au bout du fil, René Sanson :
– Quel âge avez-vous ?
– 17 ans
– Oh, gardez-les (voix faussement nostalgique). Je vais vous passer ma femme, c'est elle qui s’occupe de “ces choses-là”. 

Ces choses-là, comme il dit, c’est le premier 45 tours de Véronique, prétexte que j'ai choisi pour justifier mon coup de fil.
J'explique donc à Mme Sanson que je suis à la recherche de l’introuvable 45 tours Le printemps est là/Le feu du ciel (dont je viens de voir la mention
pour la première fois dans le magazine Gold Star).
Elle me répond qu’elle a
fait du rangement” récemment et qu’elle a retrouvé cet enregistrement, et que si je veux bien lui envoyer une cassette, elle me le copiera. Je me pince...

Quelques mois plus tard, sans nouvelles, j’appelle à nouveau. Madame Sanson me propose alors de passer faire l’enregistrement moi-même : elle n’en a pas eu le temps. Je me pince à nouveau... Rendez-vous est pris pour un autre mercredi après-midi. 


Pour moi, c’est véritablement un rêve d’ado. Venant de l’appartement de mes parents en banlieue, je débarque rond-point Bugeaud les yeux grands ouverts, reconnaissant l’ascenseur (sa cage grillagée noire avec son petit banc) entrevu dans un magazine dans lequel Véronique faisait des photos de mode (voir plus bas), pour aller jusqu’à ce 5e étage qu’elle chantera bien plus tard. À l’intérieur de l’appartement, le piano sur lequel Véronique a appris à jouer, quelques photos de famille, la collection d’œufs et le regard de Colette Sanson, miroir de celui de sa fille.
En sortant par la cuisine, à l’autre bout de l’appartement, il y a le couloir des chambres de bonnes. La première fois que je suis venu, dans l’une d’elles se trouvait un sac plein de courrier d’admirateurs réclamant une photo dédicacée. La personne qui s’en occupait était en congé de maternité... Bien sûr, j’offrais de m’en occuper. Et je revenais les semaines suivantes, préparais les enveloppes dans lesquelles il n’y aurait plus qu’à y glisser les photos.

Le rituel était immuable : on s’asseyait face à face près de la commode dans le coin et, lorsque le temps qui m’était imparti était arrivé à son terme, Colette Sanson se levait et d’un ton très gentil me lançait “Bon, mon petit Laurent, il faut que je te mette à la porte”. C’était une femme très occupée à l’époque et, en même temps que sa franchise, j’appréciais qu’elle veuille bien me donner un peu de son temps pour parler de Véronique (à propos de laquelle elle disait “avoir le cœur en bandoulière” puisque celle-ci vivait aux États-unis).

Un jour, je trouvais sur le bureau une belle photo promo glacée noir et blanc, avec ces mots “Pour Laurent Calut, si gentil et si dévoué, très amicalement”, signée de Véronique. Un autre jour, il y avait sur un bout d’enveloppe “Salut Laurent, V.” : Colette Sanson était la meilleure attachée de presse de sa fille...

Et puis un jour, fin 1978, elle m’annonça qu’une fan (Carole Lévy) avait créé un club VS, que ce serait bien peut-être que je la rencontre. Ensemble, on composa le numéro 0 d’Harmonies à partir de quelques photos empruntées à Mme Sanson, qui sponsorisa l’impression. À l’imprimerie, nous nous sommes même chargés du pliage et de l’agrafage ! Puis Carole disparut (pendant une trentaine d’années). Journaliste et photographe dans l’âme, je décidai de continuer l’aventure…

 
Stéphanie n° 9, janvier 1973 (pour Bruno ;)